J'ai fermé la salle intérieure de la bibliothèque. La grisaille, le froid et l'humidité ont commencé leur oeuvre... Je passerai chaque semaine pour rentrer les dons et alimenter la véranda déjà bien garnie. La saison 2019 aura passé comme un éclair!
Je suis maintenant économe de mon énergie : je publie après avoir lu au moins deux romans...
Rivière tremblante, par Andrée-A. Michaud, publié chez Québec-Amérique en 2011.
Le 7 août 1979, Michael «Superman» Saint-Pierre, 12 ans, disparaît dans les bois de Rivière-aux-Trembles. Trente ans plus tard, c’est au tour de Billie Richard, 8 ans, de disparaître en sortant de l’école, dans un autre ville. Leurs corps ne seront jamais retrouvés et les proches deviendront aussi des victimes à part entière de ces événements. Il y a, d’une part Marnie Duchamp, qui était avec Michael ce jour-là, et d’autre part, Bill Richard et Lucy-Ann Morency, parents de la petite Billie. Ce sont donc les itinéraires de l’entourage qui structurent l’histoire, et plus particulièrement le moment où Marnie revient dans sa ville natale après 30 ans d’absence. Son retour coïncide avec la venue de Bill Richard qui choisit de s’exiler dans ce bled perdu après l’effritement de son couple. Le hasard voudra qu’un troisième enfant disparaisse et ranime les vieilles blessures de Marnie et de Bill, au point où ceux-ci seront soupçonnés d’avoir pris part à cette nouvelle disparition dans des circonstances tout aussi nébuleuses…
Andrée A. Michaud
La femme sans tête, par Antoine Albertini, publié chez Grasset en 2013.
Santa Lucia, Cap Corse, 8 août 1988. Au fond d'un caveau familial, le corps décapité d'une femme est retrouvé. Très vite, le major Serrier, surnommé « L'Enquêteur numéro un » au sein de la Brigade de recherches, retrouve son identité ; il s'agit de Gabrielle Nicolet, disparue en août 1979 alors qu'elle se trouvait en vacances en Corse avec son fils de huit ans. Que leur est-il arrivé ? Pourquoi, après avoir massacré le corps de cette jeune femme, l'assassin lui a-t-il arraché la tête ? Où est le petit Yann ? Dix ans après leur disparition, Serrier est parti sur leurs traces. De filatures en planques nocturnes, de la plage de Santa Lucia aux trottoirs parisiens, cette affaire a plongé Serrier dans la folie. Antoine Albertini rouvre le dossier. Une enquête où rancunes familiales, silences et combines locales s'entrecroisent pour brouiller la vérité.
Un autre roman à la Simenon... Une chance que j'aime le genre et il n'a que 224 pages! Ce commentaire pris sur Babelio résume parfaitement l'histoire. Contrairement à araucaria, je ne lui accorde pas plus que 3 étoiles, et je n'éprouve pas de «dégoût», mais il faut remettre cette histoire dans son contexte : pas de recherche d'ADN à l'époque, le délai entre la découverte du corps et le moment de la disparition, les moeurs de la Corse... Pas inintéressant; le rythme est soutenu et la trame solide. En cas d'insomnie, c'est la lecture idéale!
Ce roman est basé sur des faits réels qui restent tristement célèbres en Corse. L'auteur, Antoine Albertini, offre ici une enquête très rigoureuse concernant cette affaire qui est maintenant classée. Les noms des protagonistes ont été modifiés, le roman n'en est pas vraiment un, mais plus un récit, qui fait frissonner d'horreur, donne des sueurs froides et fait pénétrer le lecteur dans un monde bien glauque. Certains fonctionnaires de gendarmerie et de justice, qui ont bâclé leur travail ou tout fait pour étouffer cette affaire n'en sortent pas grandis. le lecteurs peut espérer que ces derniers n'auront pas obtenu d'avancement, mais on peut en douter, car les fonctionnaires qui ne font pas de vagues sont généralement très bien notés. Reste cette affaire criminelle qui reste impunie, qui n'a pas révélée tous ses mystères, zones d'ombre, et qui la dernière page refermée laisse le lecteur face à un énorme sentiment de malaise et de gâchis. Des personnes ont été volontairement protégées, par des personnages hauts placés pas regardants sur la vertu et l'honnêteté, et sont partis vivre au calme et dans le luxe, avec une virginité retrouvée, loin de leur crime. le silence obstiné des villageois où s'est déroulé le drame, a concouru aussi à leur offrir l'impunité et à ne pas trop entacher leur "respectabilité".
Un excellent livre. A découvrir. Un travail fouillé et de très grande qualité du journaliste Antoine Albertini. Après cette lecture j'ai à la fois une impression de dégoût, et ressens un sentiment d'injustice... dégoût contre les assassins restés impunis, contre l'administration aveugle ou pire qui a coopéré, le pouvoir qui avait d'autres chats à fouetter... et sentiment d'injustice vis à vis du chef de recherche de gendarmerie de l'époque, mis au placard par sa hiérarchie pour avoir voulu trop consciencieusement faire son travail. Rien que pour cet homme, il faut espérer qu'un jour une conscience s'éveillera, et qu'un citoyen mutique jusqu'à présent délivrera enfin la clé du mystère. |
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