J'essaie de me souvenir de la raison pour laquelle j'ai téléchargé Né d'aucune femme de Franck Bouysse (La Manufacture des livres, éd., Janvier 2019, 334 pages), et c'est flou. C'est ainsi pour la plupart des livres numériques qui s'accumulent dans mon ordinateur. Je suis comme un écureuil ou une survivaliste... je fais des provisions... à profusion... dont je ne me rappelle plus l'emplacement ou l'utilité...
Etait-ce pour l'illustration, que je trouvais très belle? Une recommandation vue sur une des nombreuses pages FB littéraires auxquelles je suis abonnée? Toujours est-il que je l'ai lu sans me poser de questions, sans même rechercher le résumé ni d'informations sur l'auteur, Franck Bouysse, qui m'était totalement inconnu. Et je l'ai aimé... oui, je peux dire que l'ai aimé. Ai-je eu le sentiment de lire une très grande oeuvre littéraire comme en font foi les nombreux commentaires très élogieux publiés sur la page de l'éditeur et dont je n'ai pris connaissance qu'une fois ma lecture terminée? Avec mes connaissances et compétences littéraires bien humbles, je ne le crois pas cependant...
Voici un bon résumé pris sur le blogue On l'a lu :
Gabriel, un jeune curé, est appelé dans un asile pour bénir le corps d’une défunte. Il [...] sait qu’il va trouver sous les plis de la tenue de la femme morte « les cahiers de Rose », comme le lui a annoncé l’infirmière venue le prévenir. Gabriel devient donc le porte-voix de l’histoire de Rose, une jeune fille vendue par Onésime, un père essayant de sortir les siens de la misère. « Malgré les doutes, les traits du visage de la femme se détendirent petit à petit face à ce mari retrouvé sous son apparat de misère toujours de circonstance, mais qu’il portait de nouveau telle une digne parure au regard de la pesante richesse lestant son bras, qui l’avait fait un temps félon de l’âme d’une famille entière. » Nul conte de fées dans ces pages sombres. Magnifier la nature, décrire avec la précision d’un orfèvre les chevaux, les corps, les paysages… équilibrent à peine les passages de souffrance, de détresse et de terreur. Rose est violée par le maître des lieux, sous le regard d’une mère abominable : « la vieille était toujours sur sa chaise, elle récitait des paroles que je comprenais pas. C’était de la douleur supplémentaire qu’elle reste là sans rien faire (…) je savais pas ce qui me faisait le plus souffrir entre la douleur, le dégoût et la honte. » La jeune fille n’a nulle chance de s’échapper [...]. Sauf à essayer de tuer ses bourreaux. Les chapitres portent le nom des protagonistes, de quelques-uns tout du moins, comme autant d’entrées dans cette fiction. Leurs voix offrent un peu de recul -nécessaire dans ce climat de violence-. A celle de Rose succède celle d’Edmond, le si peu courageux demi-frère du Maître des Forges, ou celle d’Onésime, rongé par le remords qui reviendra tenter de reprendre sa fille aînée, Elle, la mère de Rose. Et puis il y a la voix de l’Enfant « muet. Ce qu’il a cru rêver et qui surgit ce jour dans l’immobilité de son corps accroché à la bride, cette trace qui relie l’enfant à l’homme, lui à lui, fils né d’aucune femme, et non un autre. Tout ce qu’il devient. Tout ce qu’il est. »La question à 100 piastres : si j'avais préalablement lu les commentaires non désintéressés de l'éditeur et des gens probablement payés pour encenser l'oeuvre, et d'autres plus objectifs, l'aurais-je lue avant une autre dans ma PAL numérique? Probablement pas... Je n'ai que l'embarras du choix! Toutefois, comme je n'ai que rarement eu l'impression que j'avais perdu mon temps à lire un roman, peu importe le genre, j'assume!
La trame et le contexte sont intéressants, les personnages ont du caractère, la plume est agréable, le rythme et le suspense sont soutenus, et l'issue ne se dessine qu'à la toute fin... Pour ces qualités que j'apprécie, je lui donnerai un 3½ sur 5.
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