mardi 28 avril 2020

Ballard et Bosch, duo parfait!

Je viens de terminer Nuit sombre et sacrée de Michael Connelly (qui n'a plus besoin de présentation...), un polar de 432 pages publié aux éditions Calmann-Lévy en 2020. Il est le second de sa série Renée Ballard, une nouvelle inspectrice placée sur la route de Bosch, le premier étant En attendant le jour, publié en 2019 et que j'avais beaucoup aimé.


Résumé : Harry Bosch-Renée Ballard : le face-à-face tant attendu... En revenant au commissariat d’Hollywood après une mission de son quart de nuit, l’inspectrice Renée Ballard tombe sur un inconnu en train de fouiller dans les meubles à dossiers. L’homme, elle l’apprend, est un certain Harry Bosch, un ancien des Homicides du LAPD qui a repris du service au commissariat de San Fernando, où il travaille sur une affaire qui le ronge depuis des années. D’abord sceptique, Ballard le chasse puis, intriguée, ouvre le dossier qu’il feuilletait… et décide de l’aider. La mort de Daisy Clayton, une fugueuse de quinze ans kidnappée, assassinée, puis jetée dans une benne à ordures, a, c’est vrai, de quoi susciter toute son empathie et sa colère. Retrouver l’individu qui a perpétré ce crime abominable devient vite la mission commune de deux inspecteurs aux caractères bien trempés et qui, peu commodes, ne s’en laissent pas conter par les ruses de l’un et de l’autre pour parvenir à leurs fins.


Mon appréciation


Quand je parle de Bosch, je ne peux pas être objective. C'est mon personnage chouchou! Avec Nuit sombre et sacrée, comme dans tous ses romans, Connelly est une fois de plus brillant.  Il donne le rythme et le ton dès les premières pages, et ce, jusqu'à la fin. Le contexte est tout ce qu'il y a de plus L.A. avec sa faune humaine bigarrée. Personnages bien campés, Ballard et Bosch sont bien arrimés. L'aboutissement de ce roman nous révèle un Bosch qui devient justicier... ça promet pour la suite, The Night Fire dont la traduction en français est promise pour 2020. Roman chaudement recommandé.



lundi 20 avril 2020

Si Nicole le dit!

Mon amie Nicole a dit (plutôt écrit) la phrase magique pour me convaincre de lire Indridason : «C'est comme ton vieux Bosch!» Et elle me recommandait celui-ci...

Les Nuits de Reykjavik, d'Arnaldur Indridason Traduit de l'islandais par Eric Boury, éd. Métailié, 2016, 264 p.

A la mi-juillet, les nuits de Reykjavik sont claires et ensoleillées. Tout particulièrement en cette année 1974, quand les Islandais s'apprêtent à célébrer les 1 100 ans de la colonisation de leur île. Le cœur est à la fête. Mais il en est un que cette gaieté oppresse. Il a 28 ans, vient d'entrer dans la police, use ses nuits à panser les plaies de la poisse urbaine : conduites en état d'ivresse, tapages nocturnes, femmes battues. Il est infatigable, toujours concerné, débordant d'attention et d'empathie. Au matin, l'uniforme replié, il ne trouve aucun repos, hanté par ceux qu'il a croisés, poursuivi par les victimes oubliées ou maltraitées, comme ce clochard retrouvé noyé dans une tourbière, à qui personne ne cherche vraiment à rendre justice.
Erlendur Sveinsson, dont les lecteurs du monde entier suivent depuis des années la trajectoire, ne lâche jamais, consolateur des morts, brûlé par les fantômes de son enfance, brusquement enfuie, un jour de tempête dans les fjords de l'Est, perdue en même temps que son petit frère disparu dans la neige. Arnaldur Indridason revient sur les débuts de son héros. Il en dresse un portrait intime, infiniment sensible, empreint d'une poésie douloureuse qui touche au cœur et à l'âme. Michel Abescat

Mon appréciation du roman : 

Le rythme lent, mais inhérent aux pays nordiques, je l'ai trouvé ennuyant en partant. Rien à voir avec un roman policier américain, c'est certain! Mais au fur et à mesure que j'avançais dans le roman, je m'adaptais au pays, aux jours et nuits de 24 heures, au tempérament de ce peuple nordique. Un pays où les gens n'ont qu'un prénom... Bref, une fois adaptée au contexte et aux noms de lieux imprononçables que j'éludais, j'ai pu apprécier la qualité de la plume d'Indridason. Les personnages sont bien campés et crédibles. Le contexte se tient. L'intrigue a été maintenue jusqu'au bout et certains éléments non conclus laissent entrevoir une suite que je me propose de lire éventuellement.



En documentant cette publication, j'ai appris un mot nouveau du domaine littéraire : préquel. 

(n.m.) Épisode d'une œuvre dont l'action se situe avant celle des épisodes précédents.




J'aime apprendre... Ca garde le hamster en forme!

mercredi 15 avril 2020

Daronne (définition) : mère..

La Daronne de Hannelore Cayre*, Ed. Points, 192 pages, 2020, que j'ai choisi en raison de son bandeau... Un piège, me direz-vous? On n'attrape pas les mouches avec du vinaigre!

Résumé : « On était donc fin juillet, le soleil incendiait le ciel ; les Parisiens migraient vers les plages, et alors que j’entamais ma nouvelle carrière, Philippe, mon fiancé flic, prenait son poste comme commandant aux stups de la 2e dpj.
– Comme ça on se verra plus souvent, m’a-t-il dit, réjoui, en m’annonçant la nouvelle deux mois auparavant, le jour de sa nomination.
J’étais vraiment contente pour lui, mais à cette époque je n’étais qu’une simple traductrice-interprète judiciaire et je n’avais pas encore une tonne deux de shit dans ma cave. »
Comment, lorsqu’on est une femme seule, travailleuse avec une vision morale de l’existence… qu’on a trimé toute sa vie pour garder la tête hors de l’eau tout en élevant ses enfants… qu’on a servi la justice sans faillir, traduisant des milliers d’heures d’écoutes téléphoniques avec un statut de travailleur au noir… on en arrive à franchir la ligne jaune ?

* Hannelore Cayre est avocate pénaliste à Paris. Elle est notamment l'auteure de Commis d’office, qu’elle a porté elle-même à l’écran.



Mon appréciation. Mon premier contact avec cette auteure, et sûrement pas le dernier. Son petit roman de moins de 200 pages, je l'ai trouvé distrayant, rafraîchissant (j'avais besoin de ça...). Aucune complaisance. Narration au «je» de la protagoniste qui revient souvent aux moments marquants de son enfance passée avec des parents atypiques.  Une femme rebelle, «groundée», lucide, adaptée à la réalité humaine qui l'entoure, d'une grande assurance. Dans le roman, contrairement à la version cinématographique dans laquelle on a comblé les «trous» de l'histoire, la police des stupéfiants n'est pas mise à l'avant-plan; c'est la toile de fond du roman, mais elle est discrète. Le rythme est relativement égal mais pas enlevant, mais vu le nombre de pages, ce n'est pas un irritant. De là à être sacré Prix Le Point du polar européen... À la fin, je comprends que l'on ait adapté ce roman au grand écran : il s'y prête très bien. Lecture de vacances... ou de confinement!


La bande annonce du roman adapté au grand écran. 

samedi 11 avril 2020

Dard, mon plaisir coupable!

Frédéric Dard, on l'aime ou pas... J'ai trop de doigts dans une seule main pour compter les personnes qui l'aiment dans mon entourage. Mais, moi, son commissaire San-A., c'est mon pote de vacances, de vraies vacances... J'en amène toujours une dizaine dans mes bagages.






La rate au court-bouillon, Ed. Fleuve Noir, 1965, 137 pages en format numérique).

Résumé : Je ne pouvais pas imaginer qu'un jour je verrais un spectacle pareil ! Bérurier évoluant parmi l'élite mondiale, cohabitant avec tout ce que la Terre a pu produire comme rois, reines, présidents, milliardaires, sommités artistiques... Je vous jure qu'il faut avoir vu ça au moins une fois dans son existence ! Et si tout ce gratin (dont nous étions) n'avait pas été à deux doigts de l'anéantissement atomique, j'aurais ri, mais ri, à m'en mettre la rate au court-bouillon !

Dard, je l'aime pour son intelligence, pour son habileté à jouer avec les mots, pour ses calembours, parce qu'il est irrévérencieux, parce qu'il me fait rire, et qu'en cette période de confinement, c'est bienvenu le rire! Ses personnages sont inclassables! Dard voit et entend des choses qui échappent au commun des mortels. Ses romans sont courts et s'intercalent très bien entre deux «briques» ou deux lectures plus «heavy». Mon plaisir coupable!

jeudi 9 avril 2020

Envie de chinois!

J'avais vu des commentaires élogieux sur ce roman et son jeune auteur, Zhou Haohui, qui a l'âge de mon fils, et qui est encensé dans le monde littéraire. Et il y a eu Denise, une fille du club de lecture, qui avait lu et beaucoup apprécié un roman d'un auteur chinois... Pourquoi pas!



Son roman, Avis de décès, a été publié en français chez Editions Sonatine en 2019 (352 pages).

Résumé (source : Le Journal du Dimanche). Un serial killer qui aime la calligraphie. Et ça ne va pas être une mince affaire. Le tueur se présente comme la version diabolique de Spider-Man, un truc insaisissable prénommé Eumenides en référence à la trilogie dramatique d'Eschyle. Et prévient chacune de ses victimes par un faire-part lugubre en calligraphie chinoise. L'unité est composée cette fois de Han, Pei mais aussi de Mu Jianyun, psychologue chargée de suivre Pei et de l'observer et de l'agent Zeng Rihua, le computer guy. Tout ce petit monde baigne dans une paranoïa classique dans les pays à la démocratie restreinte. D'autant que le meurtrier a toujours une longueur d'avance sur cette belle unité et atomise chaque nouvelle stratégie destinée à le coincer.


Je n'ai pas ressenti le même plaisir, le même enthousiasme, que certains chroniqueurs littéraires. Le rythme est relativement égal, et la tension soutenue et croissante. La trame du roman n'est pas banale. Si l'auteur est économe en ce qui concerne les descriptions d'ambiances, des lieux, il cerne parfaitement la psychologie de chacun de ses personnages et c'est probablement sa plus grande qualité. L'aboutissement, quoique prévisible, réservait quelques surprises... Au final, un roman sans rebondissements majeurs, parfait pour une lecture de vacances.

vendredi 3 avril 2020

Juger un crapaud...

Lorsque j'ai «tourné» (façon de parler parce que j'avais la version numérique...) la dernière page de mon Manook, il m'est venu à l'esprit ce célèbre proverbe québécois : Il ne faut pas juger un crapaud à le voir sauter!


J'ai pour principe de terminer ce que j'entreprends. Peut-être étais-je trop enthousiaste  lorsque j'ai entamé la lecture de La Mort Nomade de Ian Manook (Ed. Albin Michel, 2016, 432 pages), le troisième tome de la trilogie mongole?  Toujours est-il qu'à 80 pages (sur les 366 de ma version numérique) de la fin, je ne savais plus si je l'aimais tant que ça... Mais j'allais le terminer! Question de principe! Et heureusement!

Résumé : Usé par des années de lutte stérile contre le crime, l'incorruptible commissaire Yeruldelgger a quitté la police d'Oulan-Bator. Plantant sa yourte dans les immensités du désert de Gobi, il a décidé de renouer avec les traditions de ses ancêtres. Mais sa retraite sera de courte durée. Deux étranges cavalières vont le plonger bien malgré lui dans une aventure sanglante qui les dépasse tous. Éventrée par les pelleteuses des multinationales, spoliée par les affairistes, ruinée par la corruption, la Mongolie des nomades et des chamanes semble avoir vendu son âme au diable !  Des steppes arides au cœur de Manhattan, du Canada à l'Australie, Manook fait souffler sur le polar un vent plus noir et plus sauvage que jamais.

Je trouvais que Yeruldelgger avait été plutôt «décoratif» durant la majeure partie du roman. Je pensais qu'il sortirait plus tôt de son isolement pour reprendre le collier, mais non... Sauf que dans le dernier quart, il revient en force. En même temps que le rythme s'accélère et que survient un revirement de situation intéressant. C'est à ce moment que le proverbe du crapaud m'est venu à l'esprit.

Avec ce troisième roman de sa trilogie mongole, Manook va nous «promener» de la Mongolie à Perth (Australie), New-York (É.U.), Knowlton (Qc) pour revenir en Mongolie. On ne peut pas reprocher à Manook le manque de documentation : profusion de détails architecturaux et géographiques, et politiques! Je pense qu'il a adapté le rythme du roman à celui des steppes mongoliennes, ce qui expliquerait ses variations... La trame de l'histoire se tient, les personnages sont solides et crédibles, sauf peut-être cette lieutenant, seule policière du pays on dirait, invisible dans le dernier quart du roman et si peu décrite qu'on se l'imagine mal, et ce justicier sniper africain qui vient régler le compte des exploitants miniers multinationaux. L'intrigue, en dépit d'un rythme inégal, retient notre intérêt cependant. Ce qui m'a plu, ce sont les descriptions des lieux, des atmosphères, des us et coutumes de la Mongolie. Au final, la trilogie est tout de même une bonne lecture de vacances!

Encore un petit creux?

J'ai trouvé cet article où Manook fait de l'autodérision (cliquez sur l'hyperlien) et donne dix bonnes raisons de ne pas lire sa trilogie mongole. Intelligent! Et j'aime les gens intelligents!

Et cet autre site, GEO, où leurs reporters proposent des films et des romans policiers portant sur la Mongolie. Un sujet sans fin!