lundi 28 décembre 2020

Pus capable!

Je peux compter sur les doigts d'une seule main les romans que j'ai abandonnés après quelques chapitres, à qui j'ai tout de même donné une chance de me séduire. Avant de rédiger ce billet, j'ai même pris le temps de lire les commentaires sur les blogs littéraires et non, je n'ai de toute évidence rien ressenti de leur plaisir à le lire.


L'affaire Mélodie Cormier de Guillaume Morrissette (Éd. Guy St-Jean, 2015, 349 pages) avait pourtant tout pour me plaire : un résumé intriguant, une couverture annonçant qu'il était le prix du premier polar 2015 et le prix Coup de coeur de Saint-Pâcome (je vais faire un billet sur le sujet bientôt) 2015.

La petite Mélodie Cormier, 10 ans, a disparu. Elle s'est volatilisée, un jeudi matin ordinaire. Ses parents l'ont vue monter dans l'autobus scolaire, mais elle ne s'est jamais rendue jusqu'à la cour d'école. Le mystère est total. Ailleurs dans la ville, Marco Genest reçoit des messages étranges. Un correspondant anonyme affirme détenir des renseignements sur la mort accidentelle de ses parents, survenue plusieurs mois plus tôt. Accidentelle, vraiment? Alors que Marco et l'enquêteur Héroux tentent de démêler leurs intrigues respectives, les liens entre elles deviennent troublants. Mais si les parents de Marco sont décédés, la petite Mélodie, elle, est toujours vivante, au moins jusqu'à preuve du contraire? Chargé de cours à l'UQTR, Guillaume Morrissette est récipiendaire du Prix d'excellence en enseignement 2012, plus haute distinction honorifique remise à un chargé de cours. Polymathe depuis l'adolescence et membre actif de MENSA Canada, l'auteur réside à Trois-Rivières. Après avoir publié La maison des vérités en 2013, il remet ça avec L'affaire Mélodie Cormier qui marque le début des aventures de l'inspecteur Héroux.

Je n'ai vraiment pas embarqué dans ce «polar». Même après en avoir lu plus de 30 % (vous reconnaîtrez que je lui ai donné une chance...), je ne savais des personnages que leurs noms. Aucune description physiologique, psychologique... L'équipe d'enquêteurs sur la disparition de la petite fille m'a intéressée, mais là encore, j'étais incapable de les imaginer. Et que dire de la logorrhée que seuls des adolescents peuvent gober. J'ai donc transgressé mes principes et fermé ce livre qui m'a déçue.

samedi 26 décembre 2020

J'ai eu la main heureuse!

Je devrais dire le doigt heureux. Celui qui fait défiler les (trop) nombreux titres contenus dans ma liseuse. Lorsqu'il a pointé ce Carrisi, son plus récent, La Maison des voix (Éd. Calmann-Lévy, 2020, 448 pages), je savais que je passerais du bon temps


Florence, de nos jours. Pietro Gerber est un psychiatre pour enfants, spécialiste de l’hypnose. Il arrive ainsi à extraire la vérité de jeunes patients tourmentés. Un jour, une consoeur australienne lui demande de poursuivre la thérapie de sa patiente qui vient d’arriver en Italie. Seul hic, c’est une adulte. Elle s’appelle Hanna Hall et elle est persuadée d’avoir tué son frère pendant son enfance. Intrigué, Gerber accepte mais c’est alors qu’une spirale infernale va s’enclencher : chaque séance d’hypnose révèle plus encore le terrible passé d’Hanna, mais aussi qu’elle en sait beaucoup trop sur la vie de Gerber. Et si Hanna Hall était venue le délivrer de ses propres démons ?


Je l'ai dévoré, mais j'aurais dû prendre mon temps, surtout pour le dernier tiers, où les revirements de situation se multipliaient, s'entrecroisaient, au point où je ne savais plus trop où l'auteur voulait m'amener. N'est-ce pas le but d'un bon thriller? Mais ce n'est pas mon premier Carrisi et j'ai reconnu sa tactique. Il y a, comme dans sa série Mila Vasquez, une part de paranormal (pas vraiment ma tasse de thé, je l'avoue...) et il l'a exploitée dans La Maison des voix. Les personnages sont bien définis, le rythme soutenu, l'intrigue pas banale. La fin m'a toutefois laissée sur mon appétit (suis-je devenue insatiable?), comme si une suite était possible. C'est un thriller parfait pour qui n'aime pas le macabre et la cruauté... comme moi! 

jeudi 24 décembre 2020

Rester «focus»!

Mon dernier Lisa Gardner remontait à un certain temps, plus précisément décembre 2018, et j'ai eu envie de finir cette année de m... avec quelques frissons. Je n'ai pas été déçue avec Disparition, le tome 4 de sa série FBI Profiler (Éd. Livre de poche, 2010, 506 pages)!


Sur une route déserte de l'Oregon noyée par la pluie, une voiture abandonnée, moteur en marche, un sac de femme sur le siège du conducteur. Rainie, avocate séparée de son mari, Pierce Quincy, ex-profiler, a disparu sans laisser de traces. Dérive d'une femme au passé d'alcoolique ou conséquence d'une des redoutables affaires dans lesquelles elle s'investissait parfois dangereusement ? Un homme sait ce qui s'est passé cette nuit-là. Et lorsqu'il contacte les médias, le message est clair, terrifiant : il veut de l'argent, la célébrité. Sinon, personne ne reverra Rainie. Aidé de sa fille, star du FBI, Pierce se lance dans l'enquête la plus désespérée de sa vie, sur la piste d'un criminel sans visage et de la femme qu'il n'a jamais cessé d'aimer.

Avec Gardner, c'est compliqué en partant... ou plutôt complexe si, comme moi, on ne lit pas les séries dans l'ordre. Si tu ne te concentres pas au début, c'est cérébralement énergivore. Mais c'est bon dès les premières pages. Et tu embarques! Pour rester «focus», je l'ai lu tranquillement, pour assimiler toutes les informations. Tu as beau te dire que les héros, ceux d'une série entre autres (surtout si tu sais qu'il y a un autre tome après...), ne meurent pas, n'en demeure pas moins que le suspense est tel que tout peut arriver. Avec Disparue, la trame est intéressante, les héros attachants, les virements de situation nombreux, et pour les coeurs sensibles, pas de cruauté gratuite. Excellent thriller, excellente série!


dimanche 20 décembre 2020

Celle qui pleurait sous l'eau de Tackian

Hier soir, je m'installe dans mon lit pour lire. J'entends notre horloge coucou sonner 21, 22, 23 heures... et je suis toujours dans ce polar commencé la nuit précédente. Combien de fois me suis-je dit, ordonné même, de fermer ma liseuse et de dormir? Pour me réveiller à 3 heures du matin, incapable de me rendormir? J'allais donc aller jusqu'au bout de cette 'histoire! J'ai fermé ma liseuse vers 1 heure ce matin...



Celle qui pleurait sous l'eau de Niko Tackian (Éd. Calmann-Levy, 2020, 270 pages).

SI CLARA N’AVAIT PAS AIMÉ CET HOMME, ELLE SERAIT TOUJOURS EN VIE. Aujourd’hui, Clara n’est plus qu’un dossier sur le bureau de Tomar Khan. On vient de la retrouver morte, flottant dans le magnifique bassin Art Déco d’une piscine parisienne. Le suicide paraît évident. Tomar est prêt à fermer le dossier, d’autant qu’il est très préoccupé par une enquête qui le concerne et se resserre autour de lui. Mais Rhonda, son adjointe, veut comprendre pourquoi une jeune femme aussi lumineuse et passionnée en est venue à mettre fin à ses jours. Elle sent une présence derrière ce geste. Pas après pas, Rhonda va remonter jusqu’à la source de la souffrance de Clara. Il lui faudra beaucoup de ténacité – et l’appui de Tomar – pour venir à bout de cette enquête bouleversante. QUI RENDRA JUSTICE À CELLE QUI PLEURAIT SOUS L’EAU ?


J'ai regardé wiki et mon blog, et non, je n'avais jamais lu de Tackian. Je l'ai beaucoup aimé. Ah, ce roman n'est pas basé sur une histoire très originale (une suicidée trouvée flottant dans une piscine municipale, un super enquêteur mis sur la touche par une supérieure avide de pouvoir...), il y a plusieurs trous, plusieurs pistes (pourtant intéressantes) laissées en plan (comme ma curiosité...), mais les situations s'enchaînent à un rythme que j'aime et les personnages sont très attachants. Et j'ai fini par m'habituer à l'omniprésence du patois parisien et de la canicule. Je le recommande à ceux et celles qui aiment être entraînés dans une histoire sans cruauté gratuite, avec un héros qui s'en sort toujours.

vendredi 18 décembre 2020

Trois «petites» carottes!

 


J'avais trois carottes devant moi : «meurtre», «bibliothèque» et «78 pages» (en epub). Je «clique» donc sur Meurtre à la bibliothèque de Frank Andriat paru aux Éditions Mijade en 2020.


Résumé (aussi court que le roman) : Damien avait prévu de passer une bonne soirée à la bibliothèque en compagnie d'un écrivain célèbre. Mais un cadavre est retrouvé sur les lieux, obligeant l'ancien commissaire à reprendre du service et à choisir entre deux solutions, l'une morale et l'autre beaucoup moins.


Mon commentaire sera court également : un tout petit roman policier parfait pour initier un préadolescent à ce genre littéraire. Sans plus...



jeudi 17 décembre 2020

Kukum de Michel Jean

Kukum, ce roman de Michel Jean, est sur plusieurs tribunes ces dernières semaines. On l'a réédité tant il est vendu. Et il se retrouve sur la liste de lectures suggérées par des personnalités (tiens, je devrais en produire une...). Ce ne sont pas des motifs pour m'inciter à lire un roman, mais comme je veux participer au club de lecture en ligne d'Espace littéraire le 4 janvier prochain et qui portera sur Kukum (Éd. Libre expression, 2019, 224 pages), autant m'y attaquer.


Ce roman retrace le parcours d'Almanda Siméon, une orpheline qui va partager sa vie avec les Innus de Pekuakami. Amoureuse d'un jeune Innu, elle réussira à se faire accepter. Elle apprendra l'existence nomade et la langue, et brisera les barrières imposées aux femmes autochtones. Almanda et sa famille seront confrontées à la perte de leurs terres et subiront l'enfermement des réserves et la violence des pensionnats. Racontée sur un ton intimiste, l'histoire de cette femme, qui se déroule sur un siècle, exprime l'attachement aux valeurs ancestrales des Innus et au besoin de liberté qu'éprouvent les peuples nomades, encore aujourd'hui.

C'est un bel hommage que Michel Jean fait à sa grand-mère en lui donnant la parole, parce que c'est essentiellement ça : il l'a écoutée lui raconter sa vie et l'a lui-même racontée pour qu'elle ne tombe pas dans l'oubli. Rien de prétentieux, juste la transmission orale propre au peuple autochtone de connaissances, d'expériences, d'un mode de vie, d'une culture qu'on connaît à peine. J'ai aimé qu'il ajoute une carte géographique, des photos de membres de sa famille. On essaie d'imaginer le reste... Et la fin : on comprend encore mieux. Un roman inspirant le respect, l'admiration, d'une femme à la base de sa lignée. 

mardi 15 décembre 2020

La mariée de corail... là tu parles!

Ce n'était pas dans mes plans de lire la suite de Nous étions le sel de la mer de l'auteure québécoise Roxanne Bouchard, roman qui m'avait déçue, c'est le moins que je puisse dire (voir mon billet). Ca prenait bien mon amie Nicole pour me donner le goût de lire la suite...


La Mariée de corail (Éd. Libre Expression, 2020, 384 pages).

Sous l'eau, elle semblait flotter. Maintenant, son vêtement lui colle à la peau comme une algue encombrante. Sous l'eau, elle aurait pu devenir du corail. On aurait fait des bijoux avec ses ossements. Mais elle a décidé de remonter vers la surface. »Quand Joaquin Moralès est appelé à enquêter sur la disparition d'une capitaine de homardier, il hésite : son fils vient tout juste de débarquer chez lui, soûl comme un homme qui a tout perdu. Mais lorsque le corps d'Angel Roberts est retrouvé, il ne tergiverse plus, car cette femme, c'est aussi la fille de quelqu'un. La mer, dans ce roman policier poétique, évoque la filiation et fait remonter à la surface les histoires de pêcheurs, véridiques ou réinventées, de Gaspé jusqu'au parc Forillon.


Dès les premières pages, j'ai su que la plume de Bouchard avait changé, qu'elle avait corrigé les irritants du premier roman, qu'elle avait maturé. La trame est plus solide, les personnages (tellement) moins caricaturaux, les descriptifs moins clichés. Le suspense commence tôt et englobera habilement d'autres histoires en parallèle. Les rebondissements m'ont empêché de fermer le roman plus d'une fois. La lecture préalable de Nous étions le sel de la mer aide à la compréhension du contexte (même si on le connaît...) et des personnages... Ce ne sera pas un supplice, inquiétez-vous pas!

P.S. Merci Nicole!

samedi 12 décembre 2020

Roxane Bouchard... pour lire «léger»

Nicole, ma référence en lecture, venait de le lire et avait apprécié son rythme (elle voulait lire «léger»). Nous étions le sel de la mer, de Roxane Bouchard, publié aux Éditions VLB en 2014 (350 pages). J'avais vu passer des commentaires favorables lorsqu'est parue la suite de cette série (parce que ce sera apparemment une série), La Mariée de corail.



« C'est Vital. Ça a l'air qu'il a ramassé un cadavre dans ses filets. Il l'a dit dans sa radio. Tu veux qu'on t'en raconte, des histoires de marins ? Reste avec nous autres pis tu vas en voir, la p'tite ! » Ce matin-là, Vital Bujold a repêché le corps d'une femme qui, jadis, avait viré le cœur des hommes à l'envers. En Gaspésie, la vérité se fait rare, surtout sur les quais de pêche. Les interrogatoires dérivent en placotages, les indices se dispersent sur la grève, les faits s'estompent dans la vague, et le sergent Moralès, enquêteur dans cette affaire, aurait bien besoin d'un double scotch.


Je vais être franche. Moi, le patois de la Gaspésie-Iles de la Madeleine, je m'en lasse vite. Et dans ce roman, Bouchard s'en sert à profusion pour que le lecteur identifie les personnages tout au long du roman. Et ça, ça m'a énervée au point de faire comme Nicole avec les romans islandais ou suédois, c'est à dire «sauter» les tics langagiers «caricaturaux» pour aller à l'essentiel du dialogue. J'ai par contre beaucoup aimé l'insertion des passages de la lettre laissée par la mère à sa fille. C'est plein de poésie et de profondeur. C'est bien écrit, sans longueurs, avec peu d'invraisemblances compte tenu des us et coutumes de cette région. C'est un roman policier au rythme lent et sans grandes surprises, parce qu'il y a un enquête, mais la trame est toute autre à mon avis, même si pas très claire;  elle se précise dans le dernier tiers du roman heureusement. Même si j'en recommande la lecture, je ne sais toujours pas si je lirai la suite. 


mardi 8 décembre 2020

Pause polar : La femme qui rit, de Brigitte Pilote

Je sais, ce n'est pas un polar... et après? Je ne suis pas si bornée, si psychorigide... non? Est-ce ma façon de «bouder» parce qu'on a mis notre club de lecture de romans policiers en pause à cause de vous savez quoi?


N'empêche que j'ai bien aimé ce roman de Brigite Pilote, la soeur de l'autre, Marcia, La femme qui rit paru aux Éditions du Seuil en 2020 (160 pages).


Depuis la mort de sa femme, Émile Sever mène avec son fils une existence recluse sur la ferme familiale, jusqu’au jour où il se résout à engager une domestique. Celle qui se présente a un passé mystérieux, une volonté farouche de s’ancrer quelque part. Aussi Florian l’accueille-t-il avec hostilité. Son père, obsédé par la transmission de son patrimoine à sa descendance, se prend à imaginer qu’elle pourrait être la parfaite épouse. Florian se fait à l’idée, d’autant que cela lui permet de préserver son jardin secret. Et l’enfant paraît. Portrait d’un monde terrien, où les êtres se débattent avec leurs désirs, La Femme qui rit sonde les âmes qui vacillent sous le poids des traditions. Ce roman âpre et fascinant, poignant jusqu’au dénouement radical, confirme la voix singulière de cette autrice québécoise.


L'auteure va à l'essentiel avec une économie de descriptions et de dialogues au profit de réflexions profondes, d'un vocabulaire riche. Les personnages, attachants, on est dans leur tête, dans leurs pensées, sans filtres... On n'est quelque part en Europe, en milieu rural, à une certaine époque (pas si lointaine), et ce n'est pas important. Il n'y a pas de longueurs, on saute les détails, on relie les bouts de vie parce que ce qui se passe entre eux n'apporterait rien de plus à la compréhension de la psychologie des personnages. Finalement, ça été un bon choix littéraire.


dimanche 6 décembre 2020

Elizabeth Little à saveur Agatha!

Les filles mortes ne sont pas aussi jolies, d'Elisabeth Little (Ed. Sonatine, 2020, 350 pages), un titre intrigant, une couverture aussi intrigante que magnifique, un résumé séducteur. Je suis curieuse. Ma première rencontre avec Elizabeth Little.

« Donnez-moi un film, et je trouverai la vérité. » Au départ, elle n’a rien d’une enquêtrice. Timide, un brin asociale, elle s’efforce d’éviter les ennuis. Marissa Dahl est surtout une étonnante monteuse de films. Engagée sur un long métrage dont le tournage a lieu sur Kickout Island, elle fait la connaissance du metteur en scène Tony Rees, réputé pour son comportement tyrannique. Très vite, elle comprend que quelque chose ne tourne pas rond : une atmosphère de secrets et de paranoïa, des acteurs persécutés… Le film reconstitue une histoire vraie, celle du meurtre non élucidé, vingt ans plus tôt, de Caitlyn Kelly. Pourquoi un tel projet ? Marissa n’en sait pas assez. Elle veut en savoir plus, bientôt elle en saura trop. Alors, il sera trop tard pour revenir en arrière…




Je m'attendais à autre chose. Je ne sais pas quoi, mais autre chose. D'un chapitre à l'autre, même si mon intérêt allait croissant, je me disais que ce roman s'adressait plus aux adolescentes, et même qu'il avait la saveur d'un Agatha Christie. La trame est pourtant assez solide et les personnages attachants. A part quelques rebondissements intéressants, l'histoire est relativement banale. Quant aux très nombreuses références cinématographiques, elles ne m'ont pas impressionnée, mais je dois reconnaître que je ne suis vraiment pas cinéphile. Je pense que c'est une agréable lecture de vacances, qui ne vous empêchera pas de dormir.
 

mardi 1 décembre 2020

07.07.07 de Manzini, un roman policier «al dente»!

Antonio Manzini a commis 07.07.07 (Éd. Denoël, 2020, 400 pages), le cinquième de la série Rocco Schiavone (je n'ai pas lu les quatre premiers, évidemment...). Mon dernier polar italien remontait à des années, mais je vais m'y remettre, c'est certain!

Rocco Schiavone est le genre de sous-préfet romain qu’on adore détester : mine grincheuse, ton sarcastique et langage fleuri. Dans cet épisode, il se promène dans son passé, déambule dans la Ville éternelle qu’il connaît par cœur, fréquente quelques malfrats et fume des joints, de préférence le matin. Sa femme n’est pas encore devenue le fantôme de ses remords : elle est vivante, passionnée par son travail, dévouée à ses amis. Jusqu’à ce fatidique 7 juillet 2007, jour de sa disparition. Une enquête haletante de Rocco Schiavone qui ravira les amoureux du commissaire Montalbano, de l’Italie et des polars à l’humour grinçant.

Ma première rencontre avec Manzini et sûrement pas la dernière (si j'entreprends de lire les quatre premiers de la série, et surtout la suite, i.e. cinq autres toujours non traduits en français!). Il m'a décroché des sourires, m'a même fait rire, m'a émue. Les personnages sont tellement attachants, à l'humour intelligent, incisif. Pas de structures administratives compliquées dans ce bureau de police de Rome. On ne se formalise pas avec la paperasse ou la méthode. On est sur le terrain, on ressent les lieux, les odeurs, la chaleur, la pluie. Et on se déplace en scooter! Un roman policier «al dente» avec juste ce qu'il faut de suspense, de revirements, de répliques brillantes, d'humour, d'humain, pour me garder captive. L'auteur m'a laissée avec l'espoir d'une suite... merci!

Note : Comme il n'y a aucune référence aux histoires antérieures, la lecture préalable des quatre premiers de la série n'est pas nécessaire. Mais vous voudrez connaître la suite de 07.07.07!


samedi 28 novembre 2020

Tombée dans le piège Grangé!

 

Le Concile de pierre de Jean-Christophe Grangé (Éd. Albin Michel, 2000, 410 pages). Je l'ai choisi parce que c'était un Jean Christophe Grangé, parce qu'il devait être un thriller, parce qu'on allait en Mongolie. Un piège...

 

Résumé. Un enfant venu du bout du monde dont le passé ressurgit peu à peu. Des tueurs implacables lancés à sa poursuite. Une femme prête à tout pour le sauver. Même au prix le plus fort. Un voyage hallucinant jusqu'au coeur de la taïga mongole. Là où règne la loi du Concile de Pierre : celle du combat originel, quand l'homme, l'animal et l'esprit ne font qu'un. Tous prêts à l'apocalypse. Diane Thiberge est un drôle d'animal : grande, belle, blonde, elle a été, adolescente, victime d'une horrible agression. Résultat : elle est maintenant solitaire, championne en arts martiaux et spécialiste du comportement des animaux prédateurs. À 29 ans, pour sortir de sa citadelle, elle décide d'adopter dans un orphelinat en Thaïlande, un petit garçon de cinq ans. Lu-Sian, dit Lucien, va changer sa vie... pour le meilleur et pour le pire ! Suite à un accident de voiture qui laisse Lucien cliniquement mort, des meurtres vont se succéder autour de Diane. Peu à peu, les contours d'une terrifiante machination se font jour et vont entraîner Diane jusqu'en Mongolie, dans une ethnie aux étranges pouvoirs. Tout se jouera au centre d'un cercle de pierre témoin d'atroces expériences... Après le succès des Rivières pourpres et du Vol des cigognes, Jean-Christophe Grangé nous livre à nouveau, avec Le Concile de pierre, un thriller dont il a le secret : meurtres, mutilations, manipulations, poursuites infernales... Au suspense haletant s'ajoute ici une dose de fantastique ; on croise de redoutables personnages, hypnotiseurs, chamans, sorcières, savants fous de l'ex-URSS. Le final hallucinant révèle la bête fauve qui est en nous... --Valérie Plomb (source : Babelio).

Mon avis. J'ai rapidement réalisé que je lisais du fantastique, genre que j'aime moins et que je visite rarement, et que je devais réviser mes attentes. On peut difficilement parler d'invraisemblances en raison du genre littéraire, mais je pense que Grangé y a mis le paquet! N'eût été de toutes ces interminables descriptions inutiles des lieux, toutes ces fioritures redondantes, la lecture aurait été moins pénible, moins exaspérante. Ce roman a été porté au grand écran parce qu'en fait, c'est plutôt un scénario de film. Pas mauvais pour qui aime le genre fantastique, mais pas un roman marquant de Grangé.

Note à moi-même. Avant de revisiter un auteur connu ou aimé, lire les critiques de son roman sur le web. 


mardi 24 novembre 2020

Addison, une SK québécoise?

J'ai lâché le volant une fraction de seconde seulement. Juré. Je ne l'ai pas fait exprès. Pas que je m'en sois voulu, de toute manière. J'étais plutôt indifférente. Sauf que ça allait m'occasionner davantage de problèmes. Je l'ai senti à l'instant où ma voiture a fait une embardée vers la droite. Vers ce piéton qui ne m'a jamais vue venir. Non mais, que fabriquait-il là, aussi, en plein milieu de la nuit ? J'ai pourtant tenté de freiner. Sans succès. J'aurais dû faire changer les freins il y avait un moment, déjà. Mais j'avais manqué de temps pour m'en charger... Lorsque je me suis enfin arrêtée, je savais que le corps ne se trouvait plus à l'avant du véhicule, qu'il avait glissé entre mes roues. Assez difficile d'aller le repêcher. C'est pourquoi j'ai décidé d'appuyer encore un peu sur l'accélérateur.

 

Bouche cousue de l'auteure québécoise Marilou Addison, publié en 2019 aux Éditions de Mortagne (350 pages).

Oh boy! Ce roman est étiqueté «Science fiction et fantastique» par Renaud-Bray... On est certes dans la fiction, mais c'est surtout dans l'horreur qu'on plonge. Sur un fond d'ironie et de psychopathologie à la Stephen King. Je gère mal la lecture de l'horreur, du macabre, mais va savoir pourquoi, le premier chapitre m'a attirée et m'a intriguée au point de dévorer ce roman en quelques heures, oubliant mes propres répulsions pour arriver à comprendre Béatrice, le personnage principal et la narratrice omniprésente. Aucun trou dans son récit. Presque pas d'invraisemblances si on accepte le fait qu'on a affaire à une psychopathe de haut calibre. J'étais tellement concentrée sur l'histoire que je n'ai pas porté attention aux nombreux indices laissés un peu partout par l'auteure, faisant en sorte que la conclusion m'a étonnée et a dépassé mes attentes. Tordu comme du bon SK, mais captivant!

lundi 23 novembre 2020

La fin de la fin.

Impact, le troisième roman de la trilogie de Ben H. Winters, paru en septembre 2016 aux Éditions Super 8 (336 pages), m'a laissé une drôle d'impression, des sentiments mitigés.

Une fois encore, on suit Hank Palace, ancien policier de la ville de Concord. Sans trop spoiler, on l’avait laissé dans le tome 2 dans un refuge avec d’anciens collègues à deux mois de la fin programmée du monde tel qu’on le connait. On le retrouve en proie au doute avec une toute dernière affaire à régler. La fin du monde est proche et l’astéroïde qui en sera l’instrument sera là d’ici quelques jours. Pourtant, Hank ne peut se résoudre à terminer sa vie loin de la seule famille qu’il lui reste : sa sœur Nico qui avait rejoint un groupe de survivalistes persuadés d’être en mesure de stopper l’astéroïde dans sa course folle.

J'ai retrouvé un Henry Palace indécrottablement policier, justicier, toujours aussi attachant, déterminé à retrouver sa soeur Nico embrigadée dans un groupe idéologique extrémiste né du cataclysme annoncé. Jusque là, ça va. Je précise ici qu'en dépit des petits rappels de l'auteur, la lecture préalable des deux premiers tomes, dans l'ordre il va de soi, est quasiment nécessaire pour se situer dans l'histoire. On nage donc en pleine anarchie pré-apocalyptique de fin (annoncée) du monde. La quête de Palace est parsemée de rencontres improbables qui vont renforcer sa détermination à retrouver sa soeur avant qu'il soit trop tard. Les personnages sont crédibles, le rythme est soutenu, mais mon intérêt et  mon plaisir se sont quelque peu effrités au fil des pages. C'est tout de même une trilogie bien construite qui se conclura d'une façon abrupte, inachevée, telle qu'on peut l'imaginer au moment fatidique de la collision d'un énorme astéroïde avec la terre. J'ai tout de même passé un bon moment avec ce polar mêlé à de la science fiction.

vendredi 20 novembre 2020

La fin du monde? Pas encore!

Le dernier meurtre avant la fin du monde, de Ben H. Winters, c'est en fait une trilogie. J'ai beaucoup aimé le premier de la série et c'était écrit dans le ciel que je lirais le deuxième, J-77 (Éd. Super 8, 2016, 336).

Le résumé. La fin du monde ? Elle arrive. Dans 77 jours maintenant, l’astéroïde 2011GV1 va s’écraser sur Terre, quelque part en Indonésie, et c’en sera fini de l’humanité. Plutôt que de se lever le matin pour aller travailler, les Américains – et on les comprend – préfèrent concrétiser d’urgence la liste des cent choses qu’ils ont envie de faire avant de mourir avec, évidemment, tous les excès que cela implique. Pourtant, il reste un homme, un seul, bien décidé à faire son job jusqu’au bout : Hank Palace, ancien flic de la police de Concord. Déterminé à retrouver Brett Cavatone, le mari de sa nounou qui a mystérieusement disparu, Hank se lance dans une quête désespérée, et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Mais son courage et sa droiture suffiront-ils ? Car rien n’est simple dans un pays livré à une anarchie sans nom, où l’électricité et les télécommunications ont rendu l’âme et où les pillages sont quotidiens.

Et qu'en ai-je pensé? La lecture préalable du premier tome m'a facilité la vie et la compréhension du contexte, celui d'un cataclysme planétaire annoncé dans 77 jours maintenant. Mais pour les lecteurs dans le désordre, comme moi, l'auteur fera quelques allusions aux événements marquants du premier tome. Le policier Henry Palace, auquel je me suis rapidement attachée, et ses anciens collègues, n'ont rien perdu de leurs détermination, principes et valeurs même s'ils ne sont plus policiers. L'intrigue se déroule maintenant sur un fond apocalyptique que l'auteur survole peut-être trop superficiellement selon moi  : pillages, suicides, meurtres, disparitions, conspirations, incendies, survivalisme, réfugiés climatiques, pénuries énergétiques et alimentaires... Il aurait pu développer davantage mais ce n'est pas le but du roman et le lecteur peut facilement relier les points. Dans J-77, j'ai retrouvé le même plaisir qu'avec le premier et le troisième de la série sera sûrement ma prochaine lecture.

mercredi 18 novembre 2020

La fin du monde? Oh! que non!

Il y a de ces belles surprises dans la vie de bouquivores et de polarophiles dont je fais partie. Comme celle-ci. Un roman policier à la couverture et au titre qui m'interpellent, dont l'auteur m'est inconnu, et qui m'a tenue éveillée une couple de nuits. Et vous savez quoi? En préparant ce billet, je découvre qu'il était le premier d'une série de trois (pour une fois, je lis le premier de la série...) et que je sais pertinemment quelle sera ma prochaine lecture... et la suivante! Nice! 


Dernier meurtre avant la fin du monde de l'auteur Ben H. Winters, paru aux Éditions Super 8 en 2015 (336 pages).

Résumé. Concord, New Hamsphire. Hank Palace est ce qu’on appelle un flic obstiné. Confronté à une banale affaire de suicide, il refuse de s’en tenir à l’évidence et, certain qu’il a affaire à un meurtre, poursuit inlassablement son enquête. Hank sait pourtant qu’elle n’a pas grand intérêt puisque, dans six mois il sera mort. Comme tous les habitants de Concord. Et comme tout le monde aux États-Unis et sur Terre. Dans six mois en effet, notre planète aura cessé d’exister, percutée de plein fouet par 2011GV1, un astéroïde de six kilomètres de long qui la réduira en cendres. Aussi chacun, désormais, se prépare-t-il au pire à sa façon. Dans cette ambiance pré-apocalyptique, où les marchés financiers se sont écroulés, où la plupart des employés ont abandonné leur travail, où des dizaines de personnes se livrent à tous les excès possibles alors que d’autres mettent fin à leurs jours, Hank, envers et contre tous, s’accroche. Il a un boulot à terminer. Et rien, même l’apocalypse, ne pourra l’empêcher de résoudre son affaire..

Mon avis? Eh bien, c'est bon! Très bon! Même si on pense avoir fait le tour du sujet, la fin du monde, celle qui a servi de trame de fond au roman de Winters vient teinter tous les aspects de la vie de Palace, ce brave et singulier policier, et l'impact avec la terre de cette gigantesque comète, imminent, sans appel, changera les conditions et les perspectives de vie de tous, sans exception. Je ferais quoi, moi, si on m'annonçait qu'un cataclysme de cette  ampleur avait lieu un jour précis dans quelques mois? Je me suiciderais comme plusieurs l'ont fait (dans le roman, s'entend!), je quitterais tout pour réaliser mes fantasmes, mes désirs? L'auteur, de manière subtile, nous interpelle, nous fait réfléchir... Mais où il y a l'homme, il y a de l'hommerie! On est accroché dès le début du roman, et le rythme et le suspense vont en augmentant jusqu'à la fin. Et je me suis trompée sur le meurtrier... Ca c'est bon! Et il y a une suite... C'est parfait!

Le premier du bord!

J'en ai trop, je le reconnais... Ma liseuse est obèse et d'autres attendent dans mon calibre. Mais j'aime avoir le pouvoir (si j'en ai un...) de choisir, de décider.Ma dernière lecture, c'était la première de ma PAL numérique.


Les Âmes traquées* de Martin Michaud (Ed. First Thriller, 2011, 413 pages).

Quand elle se réveille sur un lit d'hôpital, Isabelle Fortin apprend qu'elle a été victime d'un chauffard et sort tout juste du coma. Et pourtant, elle est persuadée d'avoir passé les 24 dernières heures avec un inconnu, Miles. Incapable d'accepter que cette rencontre n'était que le fruit de son imagination, elle va tout faire pour le retrouver... Et s'il ne s'agissait pas que d'un accident ? Et si le chauffeur de la voiture lui voulait du mal ? Y aurait-il un lien entre cette affaire et les meurtres des deux hommes tués exactement de la même manière à une journée d'intervalle ? C'est ce que tente d'élucider le commissaire Victor Lessard, pour faire oublier sa dernière bavure mais aussi pour ne pas penser à l'échec de sa vie familiale. Jusqu'à ce que son propre fils soit mêlé à ses recherches... Une jeune femme lancée à la poursuite d'un homme qui pourrait ne pas exister. Un enquêteur de la police de Montréal sur deux affaires inquiétantes. Un chasseur impitoyable qui pense que chacun doit payer pour ses fautes. Trois destins qui vont se croiser inéluctablement, pour le meilleur et pour le pire...

Mon avis. Ce n'était pas mon premier Martin Michaud, ayant lu le deuxième (je sais...) de sa série Victor Lessard (La Chorale du diable), mais j'ai retrouvé le plaisir qu'il m'avait donné à l'époque. En partant, les histoires (parce qu'il y en a plusieurs) s'entrecroisent et je dois me concentrer pour ne pas avoir le tournis. Mais une fois les personnages mis en place et les histoires départagées, je ne veux plus le lâcher. C'est bien écrit, c'est très dynamique et l'aboutissement est comme j'aime : «je n'aurais jamais pensé à ce gars-la....». Bref, j'ai eu beaucoup de plaisir! Un excellent polar! 

*Note : le roman a d'abord été édité en 2010 aux Éditions Goélette, au Québec, sous le titre Il ne faut pas parler dans l'ascenseur, puis il est paru en France en 2011 sous le titre Les âmes traquées chez First Thriller, le premier titre n'ayant pas été jugé très sexy pour un polar..., mais il faisait référence à un passage du bouquin).

mardi 10 novembre 2020

«No comment!»

Hier. Magnifique journée! Débarquement d'une collection exceptionnelle de livres d'art à la bibliothèque. Des heures de plaisir en vue! Pierre, l'animateur de notre club de lecture, est passé. Discussion très intéressante. On prépare notre rencontre qui aura lieu dans trois jours. J'ai offert à Lucie, nouvelle cliente, venue donner des livres, de profiter de ma présence pour regarder la collection de la salle intérieure. Elle est ressortie avec un sac de livres! J et moi on a envie, besoin de sortir. On se dit que l'occasion risque de ne pas se représenter. On passe chez ma mère qui nous annonce qu'on est rouge. Abattement. Sur le chemin du retour, orgie de décorations de Noël, toutes allumées. Le nouvel arc-en-ciel «Ca va bien aller», le premier ayant révélé la duperie et perdu ses adeptes. Quelle naïveté! Deux messages sur le répondeur. De Pierre. Le premier au sujet du lieu de notre rencontre. Le deuxième pour dire que tout est annulé. Rouge. Je le rappelle. Une heure d'échanges. Stériles? Je m'en moque. Non, je ne m'en moque pas. Mais pas question de «nourrir la bête». Nous restons chacun sur nos positions.

Sans commentaire...

La fièvre de Sébastien Spitzer (Éd. Albin-Michel, 2020, 320 pages).

Un homme, tout juste arrivé en ville, s’effondre au milieu de la rue. Il meurt, sa langue est noire. Il est le cas zéro. La première victime de la Fièvre. Keathing tient le journal local. Raciste, suprémaciste, c’est un vrai type du Sud qui ne digère pas la victoire des Yankees et l’affranchissement des noirs. Annie Cook est française. Elle tient un lupanar et ne pense qu’à faire de l’argent. La Fièvre va bouleverser leur vie. La ville se vide, les trains sont pris d’assaut, on s’entretue pour obtenir une place. Puis le silence s’installe. Les derniers habitants, impuissants, assistent à l’impensable. Suivent les premiers pillards. Et les premiers héros : les miliciens. Ils sont noirs, immunisés contre le mal qui décime les blancs. Ils vont sauver les maisons, les biens, les commerces. Contre toute attente, Keathing va vouloir témoigner de leur courage. Anna, elle, transforme son bordel en hôpital de fortune. La Fièvre est une histoire vraie. En 1878, à Memphis, elle a tué un tiers de la ville en quelques mois…

Mon avis.  Ce choix de lecture est, en ce qui me concerne, un grand paradoxe : j'en ai soupé de la psychose collective engendrée par la gestion politico-sanitaire de l'épidémie de coronavirus, et pourtant je suis avide de savoir comment les épidémies antérieures ont été vécues par les populations touchées, comment la peur induite par l'ignorance, la méconnaissance, la cupidité, le politique, a entraîné des hommes, des femmes, inéluctablement vers la mort. Revenons au roman de Spitzer basé sur une histoire vraie. C'est bien raconté et documenté. L'auteur va à l'essentiel, aux réflexes primitifs... Quelques analogies avec notre situation actuelle, sans plus. L'histoire qui se répète pour eux, pour nous.

dimanche 8 novembre 2020

L'autodérision, un charme indéniable!

Un vieil homme, auteur de romans cultivant l’autodérision, arrive à Saint-Malo sous une pluie battante. Il est veuf. S’il fait ce voyage, c’est à la fois par nostalgie et pour tromper sa solitude en se lançant, espère-t-il, dans l’écriture d’un nouveau livre. D’une jeune inconnue croisée à la gare, naît peu à peu un personnage, ou plutôt une esquisse de personnage, un début d’intrigue… Mais très vite, dans l’esprit du vieil homme, l’imagination est submergée par le souvenir. Des scènes de sa jeunesse, des lectures, des expériences, des rencontres, des visages resurgissent dans sa mémoire et composent peu à peu la trajectoire d’un homme qui a donné à la littérature l’essentiel de ses activités et de ses passions et qui, avant de partir, jette un dernier regard dans son miroir et tente de dresser le bilan de sa vie, sans mensonge comme sans illusion.

Lecture choisie par hasard, Sourire en coin de Gilles Archambault (Éd. Boréal, 2020, 128 pages) s'est avérée une petite éclaircie dans mes lectures plutôt sombres ces derniers temps. Des mots choisis, justes, doux... Des anecdotes, des rencontres, un homme humble doté d'un sens de l'autodérision et d'un humour intelligent... Des réflexions comme seuls les vieux sages peuvent se permettre de dire, d'écrire. Un récit autobiographique sur un fond romancé. Le romancier prend le dessus. Ca se lit d'un trait, mais ça devrait se lire un chapitre par jour... Pourquoi se presser?

L'auteur, Gilles Archambault, bien sûr que je reconnais sa bouille souventes fois vue à la télé. J'entends encore sa voix à la radio. Mais sans plus. Un personnage discret mais efficace, humble mais marquant, charmant, très cultivé, au parcours peu banal... Avec le gars, c'était mon premier rendez-vous (littéraire) et il m'a conquise.

Note à moi-même : insérer les oeuvres de Gilles Archambault au travers de mes lectures...

samedi 7 novembre 2020

Un calligraphe décevant!

Après le premier chapitre du Le calligraphe d'Hisaki Matsuura (Éd. Payot et Rivages, 2020, 300 pages), je me suis demandé dans quoi je m'étais embarquée, pourquoi j'avais ce roman dans ma bibliothèque... Je m'étais laissé séduire par la couverture? par le contexte japonais? par le genre (roman noir)? Mais j'allais le lire au complet parce que certains indices me laissaient croire que j'avais quelque chose de bien entre les mains. 

Otsuki, un ancien toxicomane qui a décroché de l'université et se laisse entretenir par des maîtresses, vit une existence de parasite à Tokyo. Une rencontre fortuite avec un ancien collègue le mène à accepter un emploi auprès d'un mystérieux maître calligraphe. Otsuki plonge petit à petit dans un cauchemar labyrinthique, à travers les bas-fonds miteux d'un enfer urbain peuplé de personnages troubles et criminels. Un univers étrange et sensuel qui évoque Murakami, Edogawa Ranpo, Kyotaro Nishimura ; une écriture poétique qui mène une réflexion métaphysique sur la calligraphie, la sexualité et le temps.

Mon avis. Et bien non, je ne l'ai pas lu au complet. A vingt pages de la fin, j'ai abdiqué! Chose que je fais très très rarement, jamais pour ainsi dire. Pourtant, vers les deux tiers du roman, je commençais à apprécier les personnages, le rythme lent, la sensualité du texte, les timides rebondissements, et voilà qu'on retombe dans la même confusion qu'au début. C'en était trop pour moi! Décevant...

vendredi 30 octobre 2020

Mapuche de Caryl Férey : les bas-fonds argentins!

Caryl Férey faisait partie des nombreux auteurs français suggérés pour notre prochaine rencontre. Et moi, j'avais son Mapuche dans ma bibliothèque numérique (Éd. Gallimard, 2012, 464 pages).

Résumé Jana est Mapuche, fille d'un peuple indigène longtemps tiré à vue dans la pampa argentine. Rescapée de la crise financière de 2001-2002, aujourd'hui sculptrice, Jana vit seule à Buenos Aires et, à vingt-huit ans, estime ne plus rien devoir à personne. Rubén Calderon aussi est un rescapé, un des rares «subversifs » à être sorti vivant des geôles clandestines de l'École de Mécanique de la Marine, où ont péri son père et sa jeune soeur, durant la dictature militaire. Trente ans ont passé depuis le retour de la démocratie. Détective pour le compte des Mères de la Place de Mai, Rubén recherche toujours les enfants de disparus adoptés lors de la dictature, et leurs tortionnaires... Rien, a priori, ne devait réunir Jana et Rubén, que tout sépare. Puis un cadavre est retrouvé dans le port de La Boca, celui d'un travesti, « Luz », qui tapinait sur les docks avec « Paula », la seule amie de la sculptrice. De son côté, Rubén enquête au sujet de la disparition d une photographe, Maria Victoria Campallo, la fille d un des hommes d affaires les plus influents du pays. Malgré la politique des Droits de l'Homme appliquée depuis dix ans, les spectres des bourreaux rôdent toujours en Argentine. Eux et l'ombre des carabiniers qui ont expulsé la communauté de Jana de leurs terres ancestrales...
 
Mon avis. Comme je ne connais rien, mais absolument rien, aux conflits qui ont secoué l'Argentine, l'auteur, en nous rappelant le contexte socio-économico-politique de son roman, m'a donné le tournis tant il y avait de références à l'histoire de ce pays, des références toutes avérées. J'ai dû m'accrocher aux personnages pour ne pas me laisser distraire par cette trame, et prendre des pauses après presque chaque chapitre pour digérer toutes ces informations. N'eût été des personnages très attachants, j'aurais peut-être arrêté ma lecture après les premiers chapitres. Tant d'atrocités infligées aux Argentins, de corruption généralisée, de dictature, d'oppression, de torture, de bas-fonds inimaginables, d'impunité de la classe politique et de la police, de droits humains bafoués, ça dérange... Un thriller noir plus que policier, au rythme serré, soutenu, avec l'omniprésence de la peur. C'est puissant! C'est bon! Vraiment bon!

mercredi 21 octobre 2020

Valentine Imhof : une découverte!

 Notre prochain club de lecture porte sur les auteurs «français de France». Pierre T. nous en a dressé une liste impressionnante, certains que j'ai lus, d'autres jamais. Je viens de sortir d'une série de polars islandais et comme si l'insularité donnait une saveur particulière aux polars, j'ai eu l'idée de vérifier si St-Pierre-et-Miquelon, un archipel français, habitait des  auteurs de polars. J'y ai trouvé Valentine Imhof, une professeure de lettres qui a vécu aux États-Unis et beaucoup voyagé en Scandinavie nous apprend sa maison d'édition.

J'attaque donc son premier roman, Par les rafales (Éditions du Rouergue, 2018, 294 pages).

Résumé : Qui est vraiment Alexis Fjærsten, cette belle jeune femme qui a établi son camp de base à Metz, tombant immédiatement dans le coeur d'Anton ? Pourquoi tue-t-elle sauvagement un inconnu qui lui fait du charme ? Qui lui fait peur au point qu'elle est prête à s'enfuir jusqu'au bout du monde ? Dans un premier roman intense, gorgé d'alcool, de rock et de poésie, Valentine Imhof nous emporte sur les pas d'une héroïne qui s'est placée sous la protection de Loki, le dieu destructeur de la mythologie nordique.

Qu'est-ce que j'en pense? D'entrée de jeu, je ne sais pas trop. On suit une journaliste culturelle complètement disjonctée (on comprendra plus tard pourquoi...), capable du meilleur comme du pire, ce qu'on réalise dès les premiers chapitres. Schizophrènie induite par la violence subie? Alex sème la mort. Les événements, les enquêtes s'entrecroisent, l'encerclent. L'enquêtrice Kelly McLeish. n'apparaît qu'après le premier quart du roman, et donnera le ton à ce qui va suivre. D'autres enquêteurs chevronnés croiseront le fer. L'auteure nous offre un roadtrip : France, Belgique, Louisiane, Écosse, Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve, St-Pierre-et-Miquelon. Les chapitres, courts, commencent tous par un texte dense, une suite ininterrompue de lettres, de la poésie (l'auteure les a réunis dans une liste à la fin du roman), où tous les mots sont collés ensemble, écrits avec une police différente de celle du texte. On apprendra que Alex se les fera tatouer sur le corps; moi, je les saute tellement ils me grugent de l'énergie pour en séparer les mots. Beaucoup, beaucoup de références aux groupes rock et jazz de tout acabit et à la musique (l'auteure fournit même la playlist à la fin), aux ambiances. Beaucoup de références géographiques (j'en ai vérifié quelques-unes et elles existent), cinématographiques, artistiques. Une fin de cavale digne d'un film. Brillant! Un thriller magnifiquement bien écrit, magnifiquement bien construit. Une trame pas banale, des personnages très bien campés. Définitivement un coup de coeur!

mardi 13 octobre 2020

Marc Fisher : Rendez-vous raté!

Je n'avais rien lu de Marc Fisher, un auteur québécois, et comme je trouvais le résumé et le contexte intéressants, j'ai ouvert son Mort subite, paru en 2018 chez Coup d'oeil (368 pages).

Résumé. David Berger est dans de beaux draps ! Au sens propre, comme au figuré. Employé d'un prestigieux club de golf des Hamptons, il devient la cible de Louise Eaton, la femme de son richissime patron. Cette dernière, lasse d'être négligée par son époux, jette son dévolu sur lui et tente de le séduire. Cédant au charme envoûtant de Louise, David se laisse alors entraîner dans une liaison torride qui le mènera à sa perte... Un matin, une scène macabre l'attend à son réveil dans une chambre d'hôtel : le corps sans vie de son amante. Dès lors le suspect numéro un de l'enquête policière, David se retrouve au pied du mur. Il doit à tout prix découvrir la vérité afin de sauver sa peau. Mais qui donc se cache véritablement derrière ce meurtre ? Avec Mort subite, Marc Fisher signe un thriller surprenant et haletant, qui entremêle la romance, le suspense, la sensualité, le plaisir et l'humour, pour mieux nous faire frissonner.

Mon opinion. J'ai tout de suite aimé le rythme, les personnages, le contexte, l'évolution de l'histoire, mais après le premier tiers, ça s'est mis à déraper et j'ai commencé à déchanter. On a beau être dans le roman, il y a des invraisemblances qui me dérangent. L'histoire se déroule (ou a été écrite) à une époque où seuls l'ADN et les empreintes digitales existent, l'utilisation du cellulaire rudimentaire, l'enquête carrément occultée et le procès, une véritable comédie. Et je tais les autres invraisemblances pour ne pas dévoiler le dénouement. On dirait que Fisher a voulu appliquer à ce roman la recette d'auteurs vedettes : romance, sexe, mensonge, jalousie, argent. C'est raté avec moi! Pas mauvais, mais tellement pas à la hauteur de mes attentes!

dimanche 11 octobre 2020

Ragnar Jonasson : Avancez en arrière!

 Je ne suis pas une TOC avec les séries littéraires. Je réalise souvent, une fois le roman terminé ou bien entamé, qu'il a un autre tome avant. Ou encore qu'il y a une suite...

Je disais dans mon dernier billet que je n'avais pas réussi à trouver Dimma, le premier tome de la trilogie La Dame de Reykjavik. En fait, La Dame (...) est le premier de la trilogie, suivi de L'Ile au secret dont je vous parlerai plus loin; le troisième, The Mist, n'est toujours pas traduit en français, et sur sa page, Ragnar laisse sous-entendre la publication d'un quatrième. Tout ça pour dire que j'aurai lu les deux premiers dans l'ordre, mais inverse!

En effet, ce qui est plus ironique avec cette trilogie, c'est que le deuxième se déroule une quinzaine d'années avant la période du tome 1. Et que le troisième se déroulerait encore dix années avant! Ce qui me laisse toujours en attente de la suite du premier... Vous me suivez?

Croyant - à tort - connaître le sort d'Hulda, j'ai donc enfilé avec L'Ile au secret publié aux Éditions de la Martinière en 2020 (352 pages).

L'Île d'Ellidaey

Résumé. Au large des côtes de l’Islande, l’île d’Ellidaey abrite la maison la plus isolée au monde. C’est sur cette terre sauvage que quatre amis ont choisi de fêter leurs retrouvailles. Mais, après la chute mortelle de l’un d’entre eux, la petite escapade tourne au drame. L’inspectrice Hulda, quinze ans avant les événements survenus dans La Dame de Reykjavík, n’a qu’une ambition : découvrir la vérité. Pas du genre à compter ses heures, Hulda ne prendrait- elle pas l’affaire trop à cœur ? Elle n’a jamais connu son père et a toujours entretenu avec sa mère une relation en dents de scie. Une vie de famille tellement chaotique que son job semble la seule chose capable de la rattacher à la réalité... Mais sur l’île d’Ellidaey plane une atmosphère étouffante. Les fantômes du passé ressurgissent.

L'ai-je aimé? Oui, beaucoup! Peut-être plus que le premier d'ailleurs. Probablement parce que, avec le premier tome, je m'étais imprégnée de l'atmosphère islandais, avec ses insulaires, son austérité, sa géographie unique, la coutume d'aborder les gens avec leur prénom. Si ce n'est au point de vue technologique, le retour dans le temps d'un peu plus d'une décennie est imperceptible. Les histoires s'entremêlent, mais Hulda découvrira les liens entre elles. Habile! Un autre que j'aurai dévoré!

vendredi 9 octobre 2020

Ragnar Jonasson et sa Dame de Reykjavik!

 Notre rencontre du 15 septembre approche, en espérant qu'elle ait lieu. L'étau rouge se resserre autour de l'Estrie (en télétravail à leur maison de campagne, nos fonctionnaires et technocrates ont, un bon matin, eu l'idée d'un «langage codé» basé sur les couleurs d'automne, vert, jaune, orange et rouge, pour «parler» au peuple, pour colorier la province; à moins que ce ne soit dans un bouchon de circulation, les yeux rivés sur les feux de circulation... ). Les couleurs d'automne ont ceci d'intéressant : elles sont belles et tout le monde les aiment. Bon coup de marketing politique! C'est même télégénique!

J'ai le privilège de vivre dans une érablière et de voir les vraies couleurs de l'automne, à différents stades déterminés par la photosynthèse, pas par des fonctionnaires et les diktats de ce monde... et il n'y a pas de feux de circulation!

Confinée contre mon gré au Québec, je voyagerai par l'imaginaire et les romans. Je vais donc en Islande, partie singulière du globe, avec La Dame de Reykjavik de Ragnar Jonasson, paru aux Éditions La Martinière en 2019 (244 pages), deuxième d'une trilogie dont je ne réussis pas à mettre la main sur le premier, Dimma.

Hulda s’est toujours impliquée dans son métier de flic, qu’elle aime, certaine d’avoir du flair et de savoir mener les investigations. Au moment de démasquer une mère de famille ayant renversé volontairement un pédophile, elle apprend qu’elle doit laisser sa place à un jeune et brillant collègue. Avant cette retraite anticipée, elle arrache le droit de rouvrir un cold case : le cadavre d’une demandeuse d’asile russe retrouvé sur une plage dans l’indifférence générale. Affaire classée ? Pas pour Hulda, persuadée que l’enquête a été bâclée et que les choses auraient tourné autrement si la victime avait été une Islandaise. Loin d’être une Miss Marple un peu écrasée par le poids des ans, Hilda montre une belle vitalité. Mais le mystère plane autour d’elle. Est-elle en recherche d’un second souffle amoureux ? Que recèlent les silences ? Au fil du texte, les questions s’accumulent, installent un trouble et une émotion.
 

Son bureau, qu’elle considérait comme sa seconde maison, lui paraissait tout à coup étranger, comme si le nouveau propriétaire s’y était déjà installé. Elle trouvait sa vieille chaise inconfortable, la table en bois foncé usée et abîmée, les papiers qui y traînaient n’avaient plus aucun sens pour elle.

(source : L'Actuallité) 

Mon avis. J'ai tout aimé : le dépaysement, le suspense, les virements de situations, même la fin «suspendue» (je dois lire la suite sans faute). Je commence même à m'habituer à ces noms de personnes et de villes imprononçables. Les problèmes contemporains (ségrégation, âgisme, inceste, demandeurs d'asile...) auxquels est confrontée cette inspectrice d'expérience servent de trame de fond à ce polar scandinave. Les personnages sont crédibles. C'est très bien traduit. Je l'ai dé-vo-ré!

mercredi 7 octobre 2020

Le dynamiteur de Mankell!

 On oublie que Mankell ne publie pas que des polars. A preuve, Comedia infantile et Les chaussures italiennes que j'avais bien aimés. Mankell, c'est un conteur, un observateur de l'espèce humaine, qui met juste assez de mots pour qu'on comprenne ses personnages et leur contexte. Le dynamiteur de Henning Mankell, publié aux Éditions du Seuil en 2018 (192 pages), je l'ai choisi en pensant lire un polar, mais j'aurai finalement lu une oeuvre littéraire à la fois profonde et empreinte d'humanité. Pas de suspense, juste de la résilience, de la simplicité, de l'humanité...

1911. Oskar Johansson a 23 ans. Dynamiteur, il participe au percement d'un tunnel ferroviaire et manipule des explosifs pour fragmenter la roche. Mutilé à la suite d'un grave accident du travail, il reprendra pourtant son ancien métier, se mariera, aura trois enfants, adhérera aux idéaux socialistes puis communistes. Au soir de sa vie, il partagera son temps entre la ville et un cabanon de fortune sur une île aux confins de l'archipel suédois.Un mystérieux narrateur recueille la parole de cet homme de peu de mots, qui aura vécu en lisière de la grande histoire, à laquelle il aura pourtant contribué, à sa manière humble et digne.Ce premier roman de Henning Mankell, écrit à 25 ans, et inédit en France à ce jour, se veut un hommage vibrant à la classe ouvrière, à ces millions d'anonymes qui ont bâti le modèle suédois. Par son dépouillement, sa beauté austère, son émotion pudique, Le Dynamiteur contient en germe toute l'oeuvre à venir de Mankell, sa tonalité solitaire, discrète, marquée à la fois par une mélancolie profonde et une confiance inébranlable dans l'individu.

P.S. Dans un commentaire publié par «nameless» sur Babelio, on apprend que dans sa préface rédigée au Mozambique en novembre 1997, Henning Mankell indique avoir débuté l'écriture du Dynamiteur en 1972, au moment où les Américains perdent leur guerre d'agression sans issue au Vietnam. Il faut attendre septembre 2018, trois ans après sa mort, pour que Seuil propose la traduction française de ce premier roman édité par l'auteur.

dimanche 4 octobre 2020

On lit du scandinave!

Thème imposé pour notre rencontre d'octobre (si nos charmants et ingénieux fonctionnaires le veulent bien, évidemment!) : les auteurs de polars scandinaves. Parfait!  Pierre T. nous en a fait une liste et j'en ai quelques-uns en réserve!

Mon seul problème avec les romans scandinaves, c'est les noms de lieux, de personnes. Mon amie Nicole les saute, mais c'est plus fort que moi, je m'arrache les yeux et me chauffe les synapses à les lire. Pour le reste, il y a toujours le web pour nous montrer les lieux, souvent magnifiques.

Autre chose : j'ai encore commencé une série par la fin... sans même m'en douter tellement il n'y avait pas de références aux trois tomes antérieurs. Mais comme la fin laissait entrevoir une suite, j'ai fait une petite recherche pour découvrir non seulement que le tome 5 existe, mais qu'il n'est pas encore traduit.

J'ai tout de même eu beaucoup de plaisir avec ce roman d'Emilie Schepp, une auteure suédoise, La marque du père, paru aux Editions Harper Collins en 2020 (368 pages). 

Résumé. En ce début de soirée, Sam Witell s’absente de sa maison pour une course rapide. À son retour, il a tout perdu : sa femme a été assassinée, son fils, Jonathan, six ans, a disparu. L’œuvre d’un pédophile ? d’un psychopathe ? Sous la houlette de la procureure Jana Berzelius, les policiers Henrik Levin et Mia Bolander enquêtent. Si leur soupçon porte d’abord sur le père, ce dernier semble avoir un solide alibi. Pourtant, de nombreuses zones d’ombre subsistent dans cette famille en apparence bien lisse… Pourquoi la défunte mère était-elle dépressive ? Jana Berzelius doit démêler cette affaire aux ramifications complexes tandis que son passé de tueuse menace de refaire surface. Il va falloir frapper vite, et fort…

Mon avis. Superposition, entremêlement d'histoires, d'événements, de retours en arrière, mais d'une manière très habile. Le rythme va croissant et m'a fait dévorer le dernier tiers d'une traite. J'aurais aimé que Schepp approfondisse un peu plus le caractère, la psychologie de chaque personnage (c'est peut-être là que la lecture des trois premiers tomes m'aurait été utile), surtout les plus improbables comme Berzelius et Pena. La fin m'a laissée sur ma faim... Je garderai l'oeil ouvert pour le cinquième, Broder Jakob.